"Artistes en Dordogne Périgord" est une sélection d'artistes vivant et travaillant en Dordogne ou en Périgord. [Contenu non exhaustif]
Plasticienne, Catherine Libmann travaille autour du paysage de tapisseries haute lice en installations in situ.
Catherine Libmann est profondément sensible à l’oeuvre d’Etienne Martin, notamment la série des Demeures qu’elle découvre lors d’une exposition à la Salpêtrière en 1988. Le sculpteur aujourd’hui disparu expliquait ainsi sa démarche : ” Les choses sont là, il s’agit simplement de les voir. Si vous vous posez des questions intellectuelles, c’est très embêtant. Il faut quand même arriver à un certain équilibre entre sa tête, et puis le reste. Il faut à la fois réfléchir et ne pas réfléchir. Il faut faire, et le fait de faire manuellement, c’est très important à mon sens “. Catherine Libmann recherche dans son travail cette même liberté de “faire”.
Chacune de ses créations est une rencontre nouvelle avec le monde végétal. Sa toute première oeuvre est une tapisserie qui a ouvert la série intitulée Traces, composée à partir de vues aériennes. Son appréhension du paysage est troublante, elle provient d’un vécu et d’une analyse très approfondie de photographies qu’elle réalise le plus souvent elle-même à l’occasion de projets in situ (Les branches gelées du bois d’ormes, 2008) ou de résidences (Friche sous un pont). À une technique classique qui relève de savoir-faire reconnus, elle associe un point de vue original et des matières végétales inattendues qu’elle déroule sur sa “page d’écriture”. Au commencement, le support est inexistant. À partir du vide, Catherine Libmann tend ses fils et crée une trame.
Comme le peintre avec ses pinceaux de différentes formes et épaisseurs, elle utilise toutes sortes de matières, lisses ou rugueuses, des fibres de Madagascar aux crins d’archets (Partition de crins, 2007). Des fils sophistiqués prennent la lumière de façon particulière, participent à la profondeur des pièces et créent la perspective. Laine, coton, viscoses, polyesters, elle façonne tout ce que ses mains acceptent. Envers, endroit, le tissage d’une tapisserie se fait de l’intérieur et par l’intérieur. Sans précipitation, elle s’approprie le sujet, apprend sa partition, et interprète son “paysage mental”. Parallèlement à ce travail en deux dimensions sur le métier, elle s’intéresse au volume et à la représentation dans l’espace.
Quittant régulièrement son atelier pour les bois environnants, elle offre à ses matières premières un retour à leur milieu naturel. En extérieur, elle travaille sur l’instant. Au détour d’un sentier, le promeneur découvre les Nids, entrelacs de branchages, au pied d’un arbre ou suspendus dans les airs, et plus loin des feuillages superposés qui créent des trouées d’ombre et de lumière (Histoires d’eaux – Histoires d’art, 2008). Osier, setsuka et rouge fol, plus ou moins souples et tortueux : elle les sculpte en un geste répétitif, comme celui du licier, du danseur ou du musicien, pour atteindre la justesse. D’une “danse végétale” à une “partition de brindilles”, Catherine Libmann tisse des liens avec la matière dans un cheminement fait de rencontres, de travail et de solitude. Révélation poétique d’un paysage intime, d’une “filature de soi”.
Catherine Libmann – Le Bourg – 24210 Sainte-Orse – Tél. 05 53 54 81 10
Email : catherine.libmann.free.fr – Web : http://catherine.libmann.free.fr